Aleskeï Leonidovich Pajitnov
(1955)
Quand on pense aux jeux vidéo les plus marquants de l’histoire, Tetris vient immédiatement en tête. Ce petit jeu de briques qui tombent a fait le tour du monde, traversé les générations… et pourtant, son créateur, Alekseï Leonidovich Pajitnov, n’a pas toujours eu la reconnaissance qu’il méritait. Ce qui rend Tetris unique, c’est sa simplicité. Pas de scénario complexe, pas de graphismes flashy : juste des formes à faire s’emboîter, de plus en plus vite. Et ça fonctionne. Le jeu devient addictif, presque hypnotique. Très vite, il traverse les frontières, franchissant même le rideau de fer de la Guerre froide.
Son vrai coup d’éclat arrive à la fin des années 80, lorsque Nintendo décide de le proposer avec sa toute nouvelle console portable, la Game Boy. Tetris devient un incontournable. Des millions de personnes, partout dans le monde, jouent à ce jeu inventé dans un labo soviétique par un homme qui, au départ, n’en tirera aucun profit.
Le problème, c’est que lorsque Pajitnov crée Tetris, il est salarié d’un institut d’État. En URSS, ce n’est pas le créateur qui possède les droits de son œuvre, mais le gouvernement. Ce sont donc les autorités soviétiques qui gèrent les licences à l’étranger, notamment via une entreprise appelée ELORG.
Pendant près de dix ans, Pajitnov ne touche aucun centime sur le succès mondial de son jeu. Ce n’est qu’après la chute de l’Union soviétique, en 1996, qu’il parvient enfin à récupérer les droits avec l’aide de l’entrepreneur Henk Rogers. Ensemble, ils fondent The Tetris Company, qui gère encore aujourd’hui toutes les utilisations officielles du jeu. Aujourd’hui, Tetris est bien plus qu’un simple jeu. C’est une icône de la culture vidéoludique, étudiée en psychologie, revisitée dans des dizaines de versions, et jouée sur presque tous les supports imaginables. Il a aussi été l’un des premiers jeux à montrer que le gameplay pur peut suffire à captiver des millions de joueurs. Quant à Alekseï Pajitnov, il est enfin reconnu comme l’un des grands noms de l’histoire du jeu vidéo. Discret, modeste, mais profondément influent, il a prouvé qu’une bonne idée, même née dans un bureau gris de Moscou, peut changer le monde.

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